L'héritage de l'art du combat par le Karaté:

Autrefois vivaient des hommes exceptionnels d'efficacité dans le combat à main nue, capables de réaliser par l'entraînement des performances incroyables aux yeux de leurs contemporains.

 

Aujourd'hui ces techniques peuvent être apprises dans un esprit sportif avec tout le sérieux que demandent ces enchaînements qui sont redoutables d'efficacité.

 
 

6) Karaté ancien ou moderne? Sport de compétition ou art martial? 

L 'Okinawa-te :

Okinawa, la plus importante île des Ryukyu qui s' étend sur plus de 1000 km, est une terre étroite de 100 km de long par 4 à 30 km de large. Située entre la pointe du Japon et la côte chinoise, elle est à la croisée de plusieurs influences de Chine, du Japon , de Malaisie et des Philippines. Ses habitants se sont souvent retrouvés face à l'invasion de forces étrangères. Ils durent donc développer des méthodes de combat efficaces. Le karaté que nous connaissons aujourd'hui est le résultat d'une combinaison qui se fit au 18ième siècle entre l'Okinawa-te et le Kenpô de Shaolin, art de combat à mains nues ayant puisé ses origines dans des techniques de boxe chinoise qui furent diffusées par les moines guerriers du monastère de Shaolin. Depuis le dixième siècle, la Chine et l'archipel des Ryukyu situé entre l'île de Taiwan, le Japon et la Chine, entretiennent des rapports diplomatiques et commerciaux, surtout pour la production de souffre, car les chinois s'en servent pour la poudre. Ces rapports permettent à de nombreux experts de boxe chinoise de se rendre à Okinawa, et aux Okinawaiens de se rendre en Chine. C'est à cette occasion d'ailleurs que le Shaolin-quan-fa (Boxe de Shaolin) fut introduit.

Interdiction des armes. À deux reprises dans l'histoire des Ryukyu, les armes furent interdites par décision du gouvernement. Sous l'occupation chinoise en 1429, le roi Shô Hashi, originaire de Chûzan en Chine, parvint à unifier les trois royaumes rivaux d'Okinawa et interdit par décret la possession et le port d'armes pour éviter les révoltes de la part des habitants, et ainsi réduire son armée. Secrètement, les paysans s'efforcèrent de développer des techniques de défense à mains nues. C'est à partir de cet instant que le Tô-de d'Okinawa apparut. Littéralement To signifie Dynastie Tang ou venant du continent Chinois, et de est une contraction de "te" qui signifie technique. Tô-de signifie donc, "technique des tang" ou "technique du continent". À l'entraînement à mains nues, les habitants d'Okinawa ajoutèrent l'usage martial des instruments de travail agricole, c'est durant cette période de répression qu'est né le Kobudô, l'art du maniement des armes paysannes; fléau, bâton (Bô), fourche, saï, etc. Alors que les samouraïs avaient le droit de porter les armes, les habitants de l'île ne furent pas autorisés à le faire.

Deux siècles plus tard, en 1609, sous le règne des Shimazu, il y eut un deuxième édit interdisant la possession d'arme. Le Tô-de,se développa rapidement au sein de la population lorsque les terribles samouraïs du clan Satsuma envahirent l'archipel des Ryukyus. Les Shimazu, gouverneurs militaires du fief de Satsuma au sud de Kyushu considéraient les mers du sud comme faisant partie intégrante de leur royaume. Le Tô-de fut utilisé pour combattre l'envahisseur avec des techniques imparables et très efficaces, le premier assaut sur le port de Naha, la porte d'Okinawa, fut repoussé, mais les insulaires durent capituler après trois jours de combat. Cette invasion japonaise de 1609 favorisa l'orientation vers une pratique dure dans un but guerrier et la transmission en devint secrète. Les pratiquants de Kenpô chinois,et de Tô-de d'Okinawa, se regroupèrent secrètement. Leur alliance donna naissance à l'art martial d'Okinawa, l'Okinawa-te.
Parmi les premiers maîtres du Tô-de, il y a un Maître Chinois Kwang-Shang-Fu qui amena et enseigna la pratique des katas dès 1761 et Kanga Teruya, né à Shuri en 1733, qui fut considéré plus tard comme le père fondateur de l'ancienne technique d'Okinawa de combat à main nue. Il entra dans l'histoire sous le nom de Sakugawa Tode. Grâce à plusieurs voyages qu'il effectua en Chine pour travailler ses connaissances de l'art, il put étudier plusieurs techniques de combat et former des disciples à son retour sur l'île d'Okinawa. Avant leur venue, aucun kata n'était enseigné, les techniques étaient toutes séparées les unes des autres et non regroupées sous forme de reproduction de combat imaginaire. Kwang-Shang-Fa nous a légué le kata Kushanku.

La période Meiji. En 1868 commence une nouvelle période de l'histoire d'Okinawa avec la montée sur le trône impérial du jeune Mutsu-Hito. C'est une véritable rupture avec un passé ancien. Pour le Tô-de, c'est la fin de la clandestinité et de son utilité guerrière. En l'espace de 20 ans, la motivation dans la pratique de l'art foudroyant des Ryukyu changea. Celui-ci se transforma lentement de technique guerrière en technique éducative, passant notamment par le maître Anko Itosu qui introduisit l'Okinawa-Te dans le système scolaire en 1902.

À partir du XVIIIième siècle, l'Okinawa-Te se structure enfin. Plus nombreux sont les experts qui travaillent ensemble dans la même voie du combat. Les techniques de combat à mains nues prennent alors une nouvelle importance et leur transmission se fait de maîtres à disciples dans le secret. Les entraînements se déroulent le plus souvent la nuit et les techniques sont améliorées afin de les rendre aussi efficaces que possible. Le secret entourant l'enseignement de ces techniques rend difficile l'établissement d'une généalogie du karaté de cette époque et les grands maîtres de l'époque resteront inconnus. Parmi eux, on retiendra le nom de Matsumura Sokon. C'est lui qui fut le premier Maître officiel à jeter les bases d'une véritable école de karaté sur l'île d'Okinawa, le Shuri-Te. Il était alors un officier au service du roi des Ryukyu. Il eut parmi ses nombreux élèves deux disciples qui se démarquèrent; Azato, et Itosu qui commencera à étudier le Shuri-te à l'âge de 30 ans.

Itosu fut le lien indispensable entre le karaté traditionnel et le développement d'un art confronté à un monde moderne. Grand pédagogue et grand spécialiste des katas, il fit accepter l'Okinawa-te dans le programme d'éducation physique des écoles secondaires. C'est pourquoi il codifia des katas traditionnels et mieux adaptés aux enfants, dans un souci pédagogique.

 



Démonstration devant le Château de Shuri.



(Kosaku, Kiyan et Motobu) ne diffère guère du Shuri-te, et ne tranche pas sur les deux précédents, mais cependant quelques katas sont originaires de cette ville et entre autres le fameux et très populaire en compétition Unsu. De plus, il se caractérise par un travail de clefs et de projections.

 La naissance du karaté (Naha, Tomari et shuri-te):
Nommé TOTE « la main du continent » par référence à la Chine ou Okinawa–Te « la main d'Okinawa » cet art utilise essentiellement les techniques de mains, ouvertes la plupart du temps. Trois tendances principales, mères des styles de notre actuel Karaté coexistent alors, portant le nom de 3 villes : NAHA, SHURI et TOMARI.Le NAHA–TE (ou SHOREÏ–RYU) insiste davantage sur la puissance, les déplacements courts, les coups de pieds bas, la stabilité, la respiration ventrale et la concentration. On reconnaît l'influence de cette école dans les Kata SEISHAN ou HANGETSU.
Le SHURI–TE (ou SHORIN–RYU) (shorin signifie aussi shaolin) est plutôt basé sur les esquives, la rapidité d'exécution, la respiration naturelle, les déplacements légers et souples. Il est à la base des Kata comme KUSHANKU et les futurs PINAN.
Le TOMARI–TE que seuls les puristes distinguent, car proche de la précédente, nous a laissé le Kata BASAÏ (« traverser la forteresse », briser un encerclement).
En 1868, le Japon s'ouvre à l'occident et pour se lancer dans un effort d’industrialisation. La fin de la vieille organisation SHOGUNALE annonce aussi la fin du Karaté « féodal » enseigné dans le plus grand secret. En 1875, l'occupation de l'île par le clan Samouraï des SATSUMA prend fin : Okinawa devient une grande préfecture japonaise, calme. Au début du XXème siècle, le destin de l'Okinawa–Te est pris en charge par un expert du Shuri–Te, Anko Itosu, qui l'introduit dans les écoles et crée, à cette date, les KATA PINAN.
Jugeant les Kata comme Naihanshi (se dit aussi Naifanshi ) et Kushanku trop complexes, Itosu Anko élabora un programme qui déboucha sur la création des Kata Pinan à partir de Kushanku, scinda Naihanshi en trois Kata.Il considéra cela comme moyen d'apprentissage plus abordable de l' Okinawa-Té pour des enfants du primaire. Il fit fermer les poings pour éviter les blessures et le Toté ou Okinawa-Té, prendra le nom de Karaté.

 


Le Shuri-te et le Naha-te. À la fin du 19ième siècle, ère des grandes réformes au Japon, l'île d'Okinawa devint province japonaise. Peu après, l'enseignement de l'Okinawa-te fut autorisé dans les écoles. De nombreuses écoles d'Okinawa-te commencèrent à se distinguer sur l'île d'Okinawa et ce grâce à la formation de nouveaux élèves et aux fusionnements de différents styles. On sait toutefois que l'art du combat à mains nues se développa surtout en trois endroits : la ville portuaire de Naha, la capitale Shuri et le village de Tomari. Chacun de ces endroits donnera naissance à un style portant son nom; le Shuri-Te, le Naha-Te et le Tomari-Te.

Le Shuri-te (Matsumura, Itosu et Asato) utilise davantage les esquives. Le Naha-te (Miyagi et Higaonna) consiste à déplacer les pieds en arc de cercle, techniques issues du Tang Lang ( boxe de la mante religieuse), avec des coups de pied bas uniquement. Higaonna grand maître du Naha-te, lui-même ayant étudié à la source dans le sud de la Chine plus de 15 ans, restera dans son enseignement très proche des katas originaux chinois.

Parmi ses élèves, Miyagi codifiera réellement le style de Higaonna, fera des ajouts et sera le fondateur du Goju-ryu vers 1929. La signification ésotérique et le travail interne sont restés très présents dans les katas de ce style. Le Tomari-te

Ces différentes tendances donneront plus tard naissance aux styles de karaté que nous connaissons aujourd'hui; de nos jours, on dénombre vingt-quatre écoles, quatre sont parmi les plus importantes. Toutes tentent de se distinguer non seulement par des techniques, des positions et des katas caractéristiques mais aussi par une approche philosophique différente:

Shotokan: Créé et élaboré par Maître Funakoshi Ginchin. Les mouvements sont linéaires, les postures assez basses. À la vitesse d'exécution, aux attaques longues et puissantes et à l'agilité des mouvements, Funakoshi Yoshitaka, successeur et fils de Funakoshi ajoutera des positions de plus en plus basses. Funakoshi Gichin fut le premier à introduire le Karate-dô dans les universités japonaises en 1924. Il y a un certain nombre de styles de karaté, comme le Wadô-ryû, qui sont issus du Shotokan. Ce qui pourrait démarquer le style Shotokan des autres, ce sont les positions basses, la rigidité des techniques et le traditionalisme de l'entraînement.

Shito-ryû: Ce style est issu à la fois du Shuri-te et du Naha-te. Fondé par Maître Mabuni, il est marqué par la subtilité et la vitesse. Les techniques s'appuient sur la mobilité du bassin, les déplacements du corps et la déviation des attaques. Mabuni nomma son école d'après les idéogrammes des deux maîtres dont il reçut l'enseignement : Itosu pour le Shuri-te et Higaonna pour le Naha-te. De ces deux styles, il prit la rapidité du Shuri-te et la puissance du Naha-te. Les trois aspects qui définissent le karaté, le shu (esprit), le gi (technique), et le taï (corps), doivent être constamment travaillés.

Gôju-ryû: Fondé en 1920 par Maître Miyagi Chôjun, de retour d'un voyage en Chine, il tire son origine du Naha-te. Il se caractérise par des mouvements réalistes en contraction et en force, par des techniques courtes effectuées à partir de positions hautes. Les blocages, souvent réalisés mains ouvertes, sont circulaires et sans choc. Ce style insiste sur l'importance de l'énergie intérieure perceptible par une respiration adaptée. Go signifie « dur » et ju « doux », aussi le Gôju-ryû est-il la transcription d'une voie à la fois douce et dure. C'est un mélange d'Okinawa-te et de Kenpô. D'autres influences chinoises sont aussi évidentes. Une tension dynamique et une respiration adaptée constituent ses deux bases de référence.

Wadô-ryû: « L'école de la voie de la paix » a été fondée aux environs de 1920 par Otsuka Hironori, élève de Funakoshi Gichin. Il combina à des mouvements de Ju-jutsu (technique de la souplesse) ceux des blocages d'Okinawa. Créé à partir du style Shotokan et du Ju-jutsu, il s'inspire du Shuri-te et met en avant l'esquive et la souplesse. Ce style se veut pénétrant, orienté vers le combat et s'appuie sur des positions de fente en avant. Le travail des hanches tirées et non poussées est typique. Elle exclut les coups de pied et met l'accent sur la souplesse. Otsuka trouvait que le karate de Funakoshi était trop austère. D'autre part, l'entraînement dans l'école Shotokan, ne comprenait à l'époque que l'étude des katas, ce qu'il jugeait insuffisant. Il mettra donc au point en s'inspirant d'exercices du Ju-jutsu des systèmes de défenses et d'attaques qui se font à deux partenaires.
 

La première compétition en kumite:

Comme beaucoup de vieux maîtres de karate, Gichin Funakoshi était opposé aux compétitions en kumite. Deux mois après son décès, Masatoshi Nakayama organise les premiers All Japan Karate Championships. Le vainqueur fut Hirokazu Kanazawa. Sensei Kanazawa naît à Kanegawa en 1940. Il est un des derniers étudiants directs de Gichin Funakoshi à l'Université de Takushoku. Il a continué comme élève de maître Nakayama et fut le premier Champion du Japon pendant deux années consécutives, en 1957 et 1958. Il parvint à gagner la finale de 1957 avec une main fracturée. L'année suivante, après quatre prolongations, les juges désignèrent deux champions, Kanazawa et Mikami. Sa longue carrière d'enseignant commence en 1960. Il a fondé ensuite le Shotokan Karate International Federation. Il est aujourd'hui 10ième Dan. Depuis cette époque, Sensei Kanazawa est reconnu et respecté mondialement.




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